lundi, mars 06, 2006

Songes d'une nuit d'hiver



La maison des tentations, chapitre 1

La première maison du coin est grande. Elle a deux étages, elle est couverte d’une brique grisâtre sur la première moitié du devant, et le haut est fini de panneaux de vinyle blanc. De coquets volets noirs ornaient chaque côté des fenêtres. Au devant, une porte au centre et une à la limite droite complétaient sa façade. Le toit, presque plat, est recouvert de bardeaux noirs. Le terrain est un des plus grand de la rue. Elle semble bien tranquille aujourd’hui, mais ça n’a pas toujours été le cas. Les anciens propriétaires, un couple en apparence sans histoire, ont pourtant dû la vendre suite à des événements pour le moins particuliers. Revenons donc dix ans en arrière.

Aux prises avec des ennuis financiers, Jérôme se demandait bien ce qu’il pouvait faire pour s’en sortir. Ses récents déboires avec son entreprise l’ont convaincu de mettre les bouchées doubles avec son atelier de fabrication de meubles de bois artisanaux. Pendant longtemps, ses revenus lui ont assuré la prospérité et lui ont permis de s’acheter une grosse maison à deux étages pour faire vivre son ménage. Il partage sa vie depuis maintenant douze ans avec Lysandre, une jolie blonde, gérante d’un commerce de bijoux, et ensemble, ils ont leur fils Nicolas, maintenant âgé de neuf ans et demi.

L’an dernier, son associé et ami Jean-Pierre, avec qui il partageait l’entreprise, a décidé de quitter pour de nouveaux horizons professionnels. La rapidité avec laquelle les événements se sont déroulés ont été tels que Jérôme a du refuser quelques contrats et en retarder d’autres pour s’occuper de ce qu’il affectionne moins dans ce travail, c’est-à-dire la gestion financière ainsi que la vente et le marketing, tâches dont s’acquittait dignement Jean-Pierre. Cette rupture a provoqué quelques remous avec son ami, mais ce n’était surtout pas le moment de baisser les bras car le travail ne pouvait attendre. Il a donc rapatrié une partie de son atelier et de son bureau à la maison pour diminuer les coûts d’opération. Mais ce n’était pas suffisant. Le salaire de son épouse en étant un d’appoint, il pouvait donc compter sur un minimum de stabilité, mais ils devaient envisager ensemble des solutions plus durables.

«Chérie, dit-il, que penserait-tu de transformer le sous-sol en un petit logement, ce qui nous assurerait un revenu supplémentaire ?
- C’est une bonne idée, mais ne crois-tu pas qu’il faudrait effectuer quelques coûteux travaux avant de louer ?
- Ouais, j’imagine qu’il faudra emprunter à la banque, mais je crois qu’à bon prix, le loyer remboursera le tout et que ça vaudra la peine.
- Oh ! Je connais peut-être quelqu’un que ça pourrait intéresser de venir habiter ici.
- Ah oui ? Qui ça ?
- Tu sais, Rémi, celui qui fait des travaux de rénovation ? Il est venu faire des travaux à la bijouterie l’an dernier. Il a rencontré une nouvelle copine et je crois qu’ils se cherchent un endroit abordable où habiter dans le quartier. Il pourrait même nous aider à compléter les travaux, je crois. Il est très habile de ses mains.
- C’est une bonne idée ! Tu lui en parleras. Je crois bien qu’on pourrait enclencher ce projet, qu’en penses-tu ?
- C’est un sacrifice qui ne me semble pas trop important. On a encore de la place dans cette maison !
- Et moi, j’installerai mon bureau dans la chambre du bout. Alors, c’est décidé, on transforme notre sous-sol.
Il n’avait pas idée des chambardements qu’allaient apporter cette décision, à première vue anodine, mais qui allait changer sa vie.

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